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Gothic SENEBRUS
26 août 2008

Le Clergé de Troy

troy
Les éditeurs de bande dessinée / entretiens avec Thierry Bellefroid. - [Bruxelles] : Niffle, 2005. - 165 p. : ill. en noir et en coul., couv. ill. en coul. ; 25 cm. - (Profession).
La couv. porte en plus : "L'Association - Casterman - Cornélius - Dargaud - Delcourt - Dupuis - Frémok - Glénat - Les Humanoïdes associés - Kana - Soleil". - ISBN 2-87393-055-1

C'est sur un coup de tête que j'ai acheté ce cahier d'entretiens d'Arleston par Thierry Bellefroid. A priori, cela devait me plaire car j'aime le monde de Troy et j'étais un lecteur inconditionnel des critiques BD que Thierry Bellefroid faisait sur Bdparadisio.com. En sortant du magasin avec ce livre, je ne pensais pas lire cette interview de 140 pages in extenso, une interview, c'est souvent barbant sauf qu'ici, je me suis amusé du début à la fin. On découvre dans ce livre un personnage attachant et qui dit parfois tout haut ce que certains pensent tout bas.

Fils d'un cinéaste en herbe - ami de François Truffaut décédé à 25 ans dans un accident de voiture avant d'avoir vraiment fait parler de lui - Arleston fut élevé par ses grands parents, il a grandi à Madagascar puis à Macon.

Son anticléricalisme radical lui a valu certains reproches. Un passage du livre me laissa d'ailleurs sans voix. Si encore j'avais acheté un livre d'entretiens avec notre entarteur national, j'aurais pu m'y attendre mais franchement, je ne pensais pas lire de tels propos ici. Voilà, c'est officiel, je fais partie de ceux qui emmerdent Arleston. Pour ma défense, disons que les croyants ne font mal à personne quand ils vont à la messe, c'est un hobby comme un autre et parfois une vocation qui évite à certains de faire des bêtises.

Attention, j'ai choisi à dessein deux passages assez radicaux, l'ensemble de l'ouvrage n'est pas aussi violent.

(...) parce que depuis l'aube de l'humanité rien n'a causé autant de tort à l'homme, rien n'a fait autant de morts, créé autant de guerres que les religions !

Le rejet est total ? Y compris vis-à-vis de ceux qui croient ?

Oui. Le discours du type « Je n'aime pas le clergé mais je respecte ceux qui ont la foi » m'emmerde. Pour moi, croire en Dieu est une lâcheté. C'est refuser d'assumer son humanité. C'est parce qu'on n'est pas capable d'être un homme jusqu'au bout qu'on se réfugie derrière Dieu à un moment. Philosophiquement, quelque chose me dérange chez les croyants. Même si certains font beaucoup de bien. Attention, je ne dis pas que tous les curés sont des détourneurs d'argent et des violeurs d'enfants. Il y a certainement des gens sincères dans l'Eglise, au-delà des banques du Vatican. Mais dans l'idée même, je suis gêné du fait qu'on ait recours à ce placebo. Je peux l'admettre pour des gens faibles, mais d'autres personnes restent des mystères. Mon grand-père paternel, par exemple. Ce prof de cinéma, militant socialiste pour qui j'avais énormément d'admiration, était catho comme un phoque, il allait à la messe tous les dimanches ! Je n'ai jamais compris. Pourquoi ce brillant intellectuel de gauche dont la femme était incroyante allait-il écouter des sermons ?

Vous avez eu l'occasion d'en parler, tous les deux ?

Non, je n'ai jamais abordé ce sujet avec lui. Il était très ouvert sauf par rapport à la religion. Ça m'a toujours questionné. Je regrette qu'il n'ait pas vécu plus vieux. Je pense qu'aujourd'hui, j'en parlerais.

Il y a une série a travers laquelle tout ce ressentiment pour 1'Eglise ressort de manière assez claire, c'est Le Chant d'Excalibur C'était l'occasion de dire certaines choses personnelles derrière le masque de la comédie.

J'ai toujours aimé le mythe arthurien. La tradition le situe au Moyen Âge alors qu'il se place aux Ve - Ve siècles. Le véritable cycle arthurien a donc eu lieu environ 500 ans avant à l'époque où on l'imagine généralement. D'où l'idée de faire réapparaître Merlin au moment où, communément, survient seulement son avènement. Ce personnage de vieux pochtron, obsédé sexuel et plein de défauts, attachant bien que parfaitement répugnant, me permettait en effet de régler quelques comptes. À ses côtés, une pure jeune fille, brave et sans reproche, mais dotée de ce que j'appellerais un caractère. J'aime beaucoup ce couple pour affronter la perte des anciennes croyances du monde celtique face à l'avancée de la chrétienté.

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In :
Les éditeurs de bande dessinée / entretiens avec Thierry Bellefroid. P. 40

(...)

Ça, c'était au Moyen Age. Mais si on regarde la France contemporaine, pays laïc par excellence, un tournant - si pas religieux - au moins moral semble s'amorcer ces derniers temps.

Et ça me met très en colère ! Dans ma culture de base, il y avait des acquis. On est en train de retourner en arrière, en ce moment. Je suis consterné de voir que certaines de mes vannes choquent des lecteurs de 20 ans. La génération qui arrive est étonnamment prude. Que se passe-t-il dans la tête de cette génération, je l'ignore. À part le fait qu'ils ont voté Sarko ! Moi, à vingt ans, j'avais l'impression qu'on s'était libérés de la morale religieuse. C'était une erreur. Tout cela est revenu comme un boomerang, porté par la vague d'insécurité économique. Les églises ont une fois de plus profité de la détresse d'une société pour fourguer leur came aux plus faibles. Ça fait partie à mes yeux des nouveaux a priori contre lesquels il faut se battre.


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Commentaires
E
Ce que dit Arleston n'est pas faux : oui, l'homme est faible quand il croit (et croît) tout autant que lorsqu'il pense que l'homme est bon.
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