Autodafé de lombrics
Je connaissais déjà le lombricompostage mais je dois avouer que l'autodafé de lombrics, je n'y avais pas encore pensé. Le belge Eric Van Hove a exposé un Autodafé de ce type. Voici le concept tel qu'il fut présenté dans le cadre de l'exposition Into the Atomic Sunshine qui se tint au mois d'août 2008 à Tokyo :
La pièce proposée consista en un autodafé de lombrics : nourrir ces organismes archaïques de photocopies de la Constitution Japonaise
(omettant l'article 9), écrite sous l'occupation d'après guerre par des
avocats Américains. Le son produit par la digestion de ces pages
contestées (qui étonnamment ressemblent au crépitement d'un feu) fut
enregistré et retransmit live sur les ondes radio locales, évoquant
peut-être en cela la voix d'outre tombe d'Hirohito le 15 Août 1945.
Le son produit par la digestion de ces pages contestées ressemble étonnamment au crépitement d'un feu
Certains anonymes auront par ailleurs prit l'initiative
d'offrir aux vers leurs propres réflexions sur le sujet, inscrites sur
des bouts de papier, donnant par la même une dimension cathartique à la
proposition. Dans la tradition Shintoïste, les prêtres pratiquent
parfois un autodafé appelé お焚き上げ (otakiage), littéralement "donner au
feu".
Dans la Grèce antique, les livres du sophiste Protagoras
furent brûlés sur la place publique d'Athènes. Les empereurs Romains
usaient régulièrement d'autodafés, tout comme le Pape Gregory IX, qui
en 1242 jeta un chariot entier de volumes du Talmud Juif dans le feu à
Paris. Au 14eme siècle, les prédicateurs Européens organisèrent le
"bûcher de vanité" (Sandro Botticelli y jeta d'ailleurs lui-même
quelques unes de ses peintures) où la littérature dite immorale fût
détruite, sans parler des brasiers fréquemment orchestrés par les Nazi.
L'autodafé le plus célèbre à l'Est semble être le 焚書坑儒 (brûler les
classiques Chinois et enterrés vivants les érudits Confucéens) ordonné
par le Premier Empereur de Chine, Qin Shi Huan (秦始皇 / Shin-no-Shikoutei
en Japonais) en 213-212 BC.
Une intéressante interview de l'artiste publiée sur le site du magazine japonais shift permet de mieux comprendre pourquoi un belge s'intéresse et donne son avis sur un article de la constitution japonaise. Le site de l'artiste permet également de comprendre que cet autodafé était à la base un projet plus terre à terre visant à aider les riverains d'un marché aux légumes à apprendre à recycler leurs déchets organiques. Pour en savoir plus, cliquez ici.