Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Gothic SENEBRUS
24 juillet 2008

Bd 2.0


Il fallait que ça arrive un jour!

Je m'interroge fréquemment sur l'avenir du livre, des bibliothèques, des médiathèques,... mais jamais, jusqu'à ce jour, je ne me suis demandé quel avenir pouvait-être réservé à la bande dessinée.

Ce midi, je suis tombé sur un article du journal Le Monde.fr* qui parle de Foolstrip, la première maison d'édition de BD en ligne qui préfigure peut-être ce que sera la BD de demain. Un support de BD qui, malgré les nombreux sites qui le proposent déjà, a du mal à m'amadouer. L'odeur du papier, le craquement de la reliure, la lecture des titres sur une étagère, le bruit du papier lorsqu'on tourne la page, le format des cases choisi en fonction du support final (ici, la résolution, la luminosité, le contraste changent d'un écran à un autre)... Autant de petites choses qui n'existeront plus avec le transfert de la BD sur support informatique.

Voici quelques extraits de l'article : (...) "Notre volonté est au contraire de repérer des auteurs, de les promouvoir et de les rémunérer pour leur travail comme le font toutes les maisons d'édition traditionnelles", explique Anthony Maréchal, président de Foolstrip.

Comme les autres donc et pourtant si différent. Car, en faisant le choix d'Internet, Foolstrip abandonne du même coup la publication "papier" pour miser entièrement sur l'essor du numérique. "Pour nous, il est évident que c'est là qu'est l'avenir de l'édition, reprend Vincent Demons. Ça s'est passé comme ça pour la musique, pour les films ; ça devrait être pareil pour la bande dessinée." Et de parier, notamment, sur le développement des supports de lecture nomades, tels que l'e-book, de Macintosh. "La France est encore en retard, mais au Japon et aux Etats-Unis, les catalogues numériques sont déjà très développés", précise-t-il.

(...) Un pari technique qui pourrait assurer la viabilité de la jeune maison dans le monde de l'édition. En 2007, sur les 254 éditeurs du marché, seuls 17 ont produit les trois quarts des 3 312 nouveautés du neuvième art. "Avec la publication Internet, nous pouvons aussi toucher un autre public, s'enthousiasme le directeur. Un lectorat plus technologique et plus universel."

En proposant des versions traduites de ses "webcomics" en anglais, en allemand et, prochainement, en espagnol, en chinois et en japonais, Foolstrip entend déjà faire sortir la bande dessinée franco-belge de ses frontières. Et faire de la "bd 2.0" la case marquante de l'édition.

Qu'ils repèrent des auteurs, les promeuvent et les rémunèrent - le tout via Internet - est honorable mais que Foolstrip abandonne la publication papier, je trouve que ceci est dommage. Le fétichiste qu'il m'arrive d'être a du mal à être objectif face à une telle "nouveauté".

Ma conception du médium BD est en effet tout autre que celle qui existe aux States ou en Asie. Là-bas, on lit et on jette.  La BD fait partie de la consommation de masse. Le format, le papier choisi, la mise en page, les bulles,... tout pousse à aller vite et à ne pas conserver. La BD est le vecteur, dans la plupart des cas, d'une histoire bien ficelée sans plus. On est loin de la recherche graphique, stylistique,... que j'aime tellement dans "notre" bande dessinée.

Je ne dis pas ici que les BD éditées par Foolstrip sont mauvaises mais comparer la France aux Etats-Unis et au Japon est un raccourci que je ne me permettrais pas. Ce sont des marchés très différents qu'il convient d'aborder en fonction de leurs spécificités...

Est-ce que je doute de la réussite de ce nouveau site?
Non car le risque qu'ils se plantent est faible à partir du moment où cela est fait intelligemment et que les BD sont consultables gratuitement en ligne (seulement dans un premier temps?).

Le public est-il prêt? Je pense que le boom des Mangas reflète un changement assez net et le jeune lectorat est probablement prêt à franchir le cap. Je me rends régulièrement sur des sites de BD consultables en ligne mais il est vrai que la qualité est souvent moyenne voire même médiocre même si il m'arrive de passer de bons moments en les lisant et d'y revenir.

Les prix pratiquées sont-ils réalistes? Oui, les strips sont consultables gratuitement. Et, pour quelqu'un qui est prêt à acheter de la littérature en ligne, 3€ pour un magazine dont le contenu a l'air assez alléchant, ce n'est pas énorme. Par contre, je ne l'achèterai pas car il faudra que je le lise sur mon ordi, que je l'imprime et là, j'ai du mal. Je ne suis pas prêt.

Enfin, l'exemple cité par Monsieur Maréchal, à savoir, l'e-book de Macintosh m'interpelle et me laisse croire qu'il n'est pas au courant des dernières nouveautés en la matière. Il parle de choses qu'il ne connaît en apparence, en tout cas pas beaucoup mieux que moi. C'est un comble quand on se dit être la première maison d'édition de bandes dessinées en ligne.

evolution_1

Newton-iPhone © Coolest-Gadgets

Le Newton de Macintosh - bien qu'il fût en avance de 10 ans au moins sur son temps -  été un fiasco qui fut vite abandonné dès le retour de Steve Jobs. Les iBook étaient des portables colorés très performants mais les e-books de Mac, je ne connais pas!
Je suppose qu'il voulait parler de l'iPhone qui intègre entre autres un logiciel de lecture de PDF et grâce (ou à cause) auquel l'ebook risque peut-être tout doucement de faire sa première vraie percée. Il est peut-être même possible qu'il ait souhaité parler de Redux...

Les dessinateurs de BD avaient-ils besoin d'une telle maison d'édition? Je n'en sais rien mais poser la question n'est-ce pas déjà y répondre?

Enfin, pourquoi avoir choisi ce nom? Je n'ai pas d'Harraps sous la main mais, pour moi et pour la plupart des lecteurs francophones qui ont des connaissances basiques en anglais, fool signifie idiot... Je suppose qu'un Foolstrip désigne une mini BD, qui, à la manière du chat de Geluck dit tout en quelques cases. On va dire que je critique pour critiquer mais franchement, le choix du nom n'est-il pas malheureux? Aura-t-il une signification aux yeux du lectorat  non-anglophone qui ignore à quoi ce terme fait réellement référence? Je terminerai en proposant une alternative au cas où une autre société souhaite se lancer dans ce business : Badstrip. Ça sonne bien, c'est accrocheur, jeune et universel...

La BD consultable en ligne me laisse donc actuellement sur ma faim et je le resterai tant que je n'aurai pas eu de vrai coup de coeur. Foolstrip et les autres BD publiées sur internet se limitent pour l'instant à de bons délassements, à quelques cases mais rarement à de la vraie BD avec tout ce que cela sous entend, abstraction faite du support évidemment.

Je reviendrai très bientôt sur ce type de BD.

Affaire à suivre.

 *Foolstrip dessine le visage numérique de la BD de demain / Tiphaine Réto. - Le Monde, 17 juillet 2008



Publicité
Commentaires
7
l'ebook est un pseudomac portable développé par LG. Chez Mac, il ne faut pas oublier l'ipod touch assez semblable à l'iPhone sans le gsm bien entendu
T
En effet chère El_666, si un jour ils abandonnent le papier, ce sera la fin du monde civilisé et il faudra qu'on engage une lectrice pour nous aider à survivre. Après tout, certains grands noms, à l'instar d'une des composantes du nom de ce blog, ont dû passer par là à la fin de leurs jours...
E
Vont-ils comprendre un jour que les vrais lecteurs n'abandonneront jamais le papier?<br /> <br /> Et si un jour c'était le cas, ce serait la fin du monde civilisé...
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Newsletter
Publicité